
Martinique
Premiers frissons
Départ à l’aube le dimanche 8 février 2015. Il n’y a pas que le froid qui nous rend fébriles… A 20h ce dimanche en Martinique, il est 1h du lendemain matin à notre horloge biologique. La nuit est profonde sur l’île, et nous avons l’impression d’être au milieu de nulle part, les sens en éveil. Il fait 25°.Une fois débarrassés de nos pelures de laine, nous sentons un vent tiède sur la peau….On se lève tôt sous les tropiques. A 6h il fait déjà jour et nous découvrons notre environnement : des palmiers partout, des bougainvillées violettes, des fleurs inconnues, la piscine turquoise…Un petit paradis sur terre !
A la recherche du Diamant vert !
C’est l’aventure qui commence, pleine d’épisodes et de moments mémorables. On s’immerge doucement d’abord, sur la route de Sainte Luce par la plage. Premiers dessins d’arbres et de fleurs. Attention aux mancenilliers toxiques , barrés de rouge ! Il suffit de se pencher pour ramasser des éclats de corail blancs. Premier bain sur la plage presque déserte. Le petit village de pêcheurs éclate de couleurs sous les pinceaux : les cabanes sur la plage, les gommiers rouges, bleus, les palmiers, les arbres à pain, des flots de bougainvillées… La Martinique c’est aussi Madininia, l’île aux fleurs.
Le fond de la baie au sud de l’île est un écrin voluptueux pour un caillou de 5 millions d’année : le morne Larcher ressemble à une femme allongée qui veille sur le Diamant. Du haut de l’Anse Coiffard, au milieu des sculptures monumentales qui rappellent le naufrage d’un bateau transportant des esclaves en 1830, nous immortalisons le Diamant, en vert bien sûr….
Le soir, nous inaugurons un rite, celui du « debrief/ti-punch ». C’est vraiment un pays béni des dieux, mais ce soir Apollon, dieu des arts a un peu bégayé et c’est Dyonisos qui l’a subrepticement remplacé….Le rhum, blanc ou vieux, avec ou sans sucre, a délié les imaginations autour d’un « cadavre exquis » concocté par 26 mains… Promis, pas plus de 2 punch à chaque fois (45°à 50° quand même !)
L’aventure continue sur la Trace des caps, dans la Savane des Pétrifications (des arbres fossilisés par la lave), avec une traversée un peu épineuse d’un gué. On se croirait au Mexique, dans le désert hérissé de cactus-candélabres.
La journée se terminera sur la plage des Salines, sur un rythme bien balancé : un dessin, un bain, un dessin, encore un bain…
Comme d’habitude nous ne passons pas inaperçus, et les curieux viennent regarder par dessus notre épaule, en opinant favorablement ! Ils laissent leurs empreintes sur les carnets.
Masques,ô masques …
Il faut arriver à Fort de France en bateau, et voir se dérouler les maisons blanches entre la mer et la montagne. Nous avons peint la bibliothèque Schoelcher, vaqué dans les rues aux vieilles maisons coloniales, et humé les parfums colorés du marché aux fruits et aux épices. Nous avons trouvé l’ombre et la fraicheur dans le Centre Culturel Camille-Darsières, où se tiennent des ateliers de sculpture et de peinture. Des masques géants nous observent (c’est Carnaval), l’air furieux ou goguenard !
Une ville en noir et blanc
Nous partons vers le nord, côté Mer des Caraïbes, le Carbet, Saint Pierre, et la montagne Pelée. Saint Pierre était une ville brillante, riche, la capitale des Caraïbes jusqu’à ce 8 mai 1902, jour de sa destruction par le volcan de la montagne Pelée.
La visite des lieux en petit train laisse une impression de désolation. On voit encore les stigmates de la destruction, des murs noirs délabrés, des pierres volcaniques noircies, des rues sans maisons, un escalier de théâtre qui ne mène nulle part. La vie a repris au milieu des ruines, mais l’ambiance est lourde. Le commentateur du petit train nous raconte la lutte des esclaves pour leur liberté. Sur les murs, des fresques en noir et blanc rappellent cette douloureuse histoire toujours présente dans les esprits. La journée se termine dans l’Anse Céron, au coucher du soleil, sur une plage de sable noir. C’est le bout de l’île, la routes’arrête là au nord et pour aller côté Atlantique, il faut contourner la montagne Pelée par la route de la Trace, à travers la forêt tropicale dense.
Une journée au Pérou
Cette journée d’immersion complète dans une bananeraie bio nous laissera un souvenir durable. A Fort de France nous avons rencontré une artiste qui exposait peinture et poésie dans la Bibliothèque. Annick a échangé avec elle, et au bout de quelques minutes nous voici invités dans sa plantation pour visiter son jardin de fleurs exotiques, manger et dessiner…
C’est donc au lieu-dit « le Pérou » dans le nord de l’île que nous arrivons le matin, chez Bambou. C’est un personnage: une petite bonne femme mince, débordante d’énergie, intelligente et vive. Rien n’arrête sa volonté ni son flot ininterrompu de paroles mêlant créole et français .
Elle a une expérience de vie étonnante ;Elle a passé quelques années en métropole, en Angleterre, a eu 10 enfants et mène actuellement sa vie avec Roro, placide comme un roc face à cette énergie vibrionnante, en exploitant une bananeraie bio.
Bambou nous laisse travailler sans nous quitter des yeux, avec des conseils à l’appui…..
Au pays des colibris
Impossible d’ignorer le jardin de Balata, jardin exceptionnel à flanc de montagne, donnant sur la bais de Fort de France. Une nuée de colibris à tête bleue virevolte à l’entrée. C’est un jardin botanique luxuriant, coloré, où se rassemblent toutes les variétés exotiques, fromagers, orchidées, fougères arborescentes, bambous à troncs rouges, palmiers, roses de porcelaine etc…
Petite rando à la Caravelle
Le séjour va bientôt toucher à sa fin, malheureusement. Nous remontons vers le nord, côté Atlantique, sur la presqu’île de la Caravelle, réserve naturelle escarpée d’où l’on a un point de vue exceptionnel près du phare sur la Martinique et les îles avoisinantes. Les noms des plages font rêver ou frémir : baie du Galion, baie du Trésor, pointe du Diable, pointe de la Batterie...
Adieu « Vaval »
Février c’est Carnaval, et Carnaval c’est un mot magique, particulièrement en Martinique où pendant 5 jours la vie s’emballe du samedi au mercredi des Cendres. Ce jour-là, on brûle Vaval, le roi du carnaval en carton pâte, et les couleurs sont le noir et blanc. Nous avons vu le grand défilé à Rivière Pilote, dans le sud. Toutes les communes se sont préparées depuis un an pour les décors des chars, les costumes, la musique.
Anne